La maladie de Hirschsprung, nommée en l’honneur du pédiatre danois Harald Hirschsprung (1830-1916), est une anomalie congénitale rare du système nerveux entérique. Elle se caractérise par l’absence de cellules nerveuses ganglionnaires dans la partie terminale du rectum, ce qui provoque une obstruction fonctionnelle intestinale chez le nouveau-né. Elle est diagnostiquée chez environ 80 % des patients durant la période néonatale, soit au cours des quatre premières semaines de vie.
La maladie est classée en deux types en fonction de la longueur du segment intestinal dépourvu de cellules ganglionnaires :
La maladie de Hirschsprung résulte d’un défaut de migration des cellules nerveuses de la crête neurale pendant le développement embryonnaire. La migration des cellules de la crête neurale vers le tube digestif commence à la 4e semaine et s’achève à la 7e semaine de gestation. Un défaut dans les processus de développement du système nerveux entérique peut entraîner une colonisation incomplète des cellules neuronales et gliales, provoquant ainsi une longueur variable d’aganglionose caractérisant la maladie de Hirschsprung.
Puisque le système nerveux entérique est responsable d’un large éventail de fonctions gastro-intestinales critiques, l’absence de ganglions du système nerveux entérique dans le côlon distal entraîne constipation sévère (mégacôlon), entérocolite (inflammation), translocation bactérienne dans la circulation sanguine, septicémie et décès prématuré chez les patients atteints de la maladie de Hirschsprung.
La prévalence mondiale de la maladie de Hirschsprung est de 1 à 2,6 cas pour 10 000 naissances. La maladie touche plus fréquemment les garçons que les filles, avec un ratio pour le sexe masculin versus féminin entre 2,8/1 et 4/1 pour les formes courtes.
Environ 80 % des cas de la maladie de Hirschsprung sont sporadiques, mais cette maladie peut également être associée à d’autres anomalies génétiques ou chromosomiques telles que la trisomie 21. En effet, 10 % des cas de la maladie de Hirschsprung sont observés chez les enfants atteints de trisomie 21. La génétique de la maladie de Hirschsprung est très complexe, avec plus de 20 gènes impliqués. Cependant, le principal gène associé à cette maladie est RET, codant pour une tyrosine kinase transmembranaire activée par le GDNF lors de sa liaison au co-récepteur GFRα1. 50 % des enfants atteints de la forme courte de la maladie de Hirschsprung (forme la plus courante) portent des variants non-codants du gène RET diminuant son expression et par conséquent démontrent une activation réduite, mais non absente de RET.
La seule thérapie pour la maladie de Hirschsprung actuellement disponible consiste en l’ablation de la portion aganglionnaire du côlon suivi de la reconnexion du côlon innervé à l’anus, une procédure douloureuse et coûteuse. Malheureusement, les complications post-chirurgicales incluant incontinence fécale et inflammation potentiellement mortelle (entérocolite) sont fréquentes, entraînant souvent la réadmission à l’hôpital et une nouvelle chirurgie. De plus, les problèmes intestinaux sont fréquents pendant la petite enfance et peuvent persister à l’âge adulte, affectant la qualité de vie. Après l’intervention, un soutien nutritionnel est essentiel pour assurer une croissance et un développement adéquats et un suivi régulier de la fonction intestinale et de l’état de santé général est également nécessaire.